Il est temps de prendre soin de sa santé mentale

La vie réserve bien des surprises.
Bonnes ou mauvaises, je garde toujours en tête que chaque expérience sera un outil de plus dans mon développement personnel et également pour faire face à de nouvelles situations qui pourraient devenir problématiques.
Ce que je veux partager avec toi avec cet article est mon expérience douloureuse que j’ai vécu dans le cadre de mon travail d’infirmier et j’espère qu’il pourra faire un maximum d’écho en te montrant à quel point il est VITAL de s’occuper de sa santé mentale.
Diplômé depuis 10 ans, j’ai mis mes crocs pour la première fois dans le monde du soins durant ma première année de bachelier.
Fallait bien bosser pour payer les frais, et je viens de ce monde « modeste » où on n’a pas assez d’argent pour financer des études confortablement mais trop pour recevoir des aides. Work baby work.
Les études passent, je me cherche un peu puis un poste d’infirmier dans un grand hôpital s’ouvre, je postule et suis directement pris. C’était un peu trop facile en y repensant.
Le temps passe.
Je m’accroche, mes limites sont clairement testées au boulot.
En plus du manque de moyens, de ressources humaines, il y a aussi une charge de travail trop importante pour moi.
Il aurait fallu un soutien psychologique pour les travailleurs en psychiatrie
Je décide alors de passer une tête dans un SSM où je rencontre une psychiatre, qui semble fort interpellée par les conditions de travail que je décris. On travaillera à raison de 1 séance par mois pendant 3 ans.
Ma demande était d’avoir un soutien face à la violence du monde hospitalier.

Demande qui s’est transformée en réel travail sur moi.
Enfin rien de bien ouf : mais au moins j’ai appris à reconnaître mes défauts, à analyser où sont ces fameuses limites et surtout à prendre conscience que toute aide psychologique est nécessaire.
8 ans d’horaires décalés, de collègues dépassés eux même ou et par leur management
8 ans à arriver au boulot le cœur serré et sortir de ta garde en te disant que demain tu devras quand même y retourner.
Tu te rends bien compte qu’il est vital de prendre soin de toi avant tout.
Ce qui devait arriver arriva, je ne me suis pas réveillé un matin et je n’ai plus jamais réussi à y remettre un pied.
« Tu es infirmier, tu trouveras vite, je ne me fais aucun souci pour toi »
Alors cette phrase, s’il vous plaît, stop.
Oui il y a beaucoup de demandes car métier en pénurie: blablabla.
Des demandes y en a à la pelle, nous sommes bien d’accord.
Des demandes pour des postes chouettes, avec un horaire de bureau, plus de garde, et que ça se soit intéressant de surcroît (quitte à demander l’impossible autant il y aller jusqu’au bout) : NON.
C’est très difficile de trouver un poste qui te correspond vraiment. Même dans un métier dit à pénurie.
J’ai clairement pris du temps pour moi, on ne s’écroule pas physiquement et psychiquement pour des raisons et avant de même penser à retourner au travail, le plus important était de me retaper.
Nous sommes alors en août 2020.
Janvier 2021, quelques mois passent, et très précisément le 3, je décide de refaire mon CV, de me créer des comptes en agence d’intérim et même des candidatures en interne dans mon ancien hôpital.
Je tente même de me repentir et d’aller travailler hors du champ de la santé mentale : Pas de réponses sauf pour me dire que je ne correspond pas au profil.
Et quand par miracle je décroche un entretien, je dois justifier pourquoi je suis resté 8 ans en psychiatrie.
« Comment on va faire si vous devez mettre un kt ou une prise de sang » m’a demandé une RH, la question était si anodine pour elle que dégradante pour moi.
Être relayé à un simple technicien? Vraiment ? Ces préjugés!…
Si je travaille dans ce domaine, ça veut forcément dire que je suis inapte aux autres services? J’étais abasourdi.

On ne se prépare pas à “un retour dans le monde professionnel” et la claque fut d’autant plus grande que la chute.
J’ai mordu sur ma chique et tenu les 4 mois initialement prévus.
Fallait que je bosse, que je tienne, pour moi, pour ne plus me casser la gueule, pour mon copain, pour mes proches.
À une semaine de la fin du contrat, un miracle se produit: je lance un appel sur une application de réseautage professionnel en mode “infirmier psy cherche CDI, disponible immédiatement”.
2h plus tard je décroche mon 1er entretien. S’en suit une journée d’essai, concluante.
En 48h j’avais décroché un CDI dans une structure de soins flambant neuve, où tous les projets sont à mettre en place. On te parle gentiment et on te donne des responsabilités.
Il m’a fallu la aussi m’habituer, vous allez trouver que je fais la fine bouche, mais le retour au boulot même si j’y étais depuis plusieurs mois était encore pesant sur mes épaules.
Le premier mois fut bien trash, nouveaux horaires, nouveaux collègues et…. je sentais que j’étais sur un fil… et bam. Cette fois, ne voulant pas quitter ce travail en or, je décide de tout raconter à ma boss,
qui à la fin s’excuse de ne pas avoir su déceler les signes de mon malaise et me dira “Moi je te tends la main car il faut s’aider dans le métier” .
J’ai accepté cette main tendue. Et je me demande bien pourquoi j’ai passé autant d’années à me faire martyriser dans un système de soin de santé autoritaire, maltraitant et hiérarchisé à tous les niveaux.
Le meilleur est à venir pour chacun de nous.
La première difficulté c’est d’accepter d’avoir un problème. Il ne faut jamais penser que quelqu’un d’autre le fera à la place. Un simple sourire ou une invitation à boire un café peut prévenir bien des maux.
Le combat n’est jamais gagné. Je vois toujours un professionnel en santé mentale régulièrement.

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